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De la Préhistoire aux derniers Carolingiens

Bien avant l’Antiquité et le Moyen-Âge, le site de Montépilloy, au sommet d’une colline, est un lieu-carrefour : il a été occupé par des chasseurs-cueilleurs du Paléolithique jusqu’à leurs lointains successeurs de la civilisation de la Tène, considérée comme l'apogée de la culture celtique. Toutefois le site sera abandonné par les Gallo-romains au cours du IIe siècle ap. J.-C. pour n’être investi à nouveau qu’à la fin du haut Moyen Âge.

Des hommes de la Préhistoire aux Gaulois : un site déjà occupé

Succédant aux hommes du Paléolithique supérieur (-40 000 à -9600) ainsi que l’attestent divers outils en silex ou nucleus (éclats, lames ou lamelles de silex), d’autres chasseurs-cueilleurs y ont laissé une armature de flèche, que l'on attribue à la culture du Mésolithique (-9600 à -6000). A cette culture succède celle du Néolithique (-6000 à -2300) représentée à travers des haches de pierre polies, pointe de flèche et tranchet. A partir du Néolithique, l’adoption d’un mode de vie sédentaire incite les hommes et les femmes à perfectionner leurs techniques agricoles et à devenir des virtuoses de la métallurgie du bronze (âge de Bronze, de -2300 à -800). Facilitant la fabrication des outils, des armes et des parures, cet alliage dont la couleur évoque l’or nécessite d’établir de nouveaux circuits d’échange à travers l’Europe afin de s’approvisionner en cuivre et en étain. Permettant aussi d’acheminer d’autres biens recherchés comme l’or, l’argent, l’ambre ou le sel, ces liaisons terrestres et maritimes inédites constituent le premier phénomène de globalisation à l’échelle du continent européen. Vient ensuite l’âge du Fer, qui se divise en deux périodes, d’abord la culture de Hallstatt (-800 à -450 av. J.-C.), au sein de laquelle l’organisation sociale se structure fortement, avec une élite dirigeante qui organise la répartition du travail, crée des agglomérations et connecte l’économie locale aux réseaux d’échanges méditerranéens en pleine expansion. Ces échanges commerciaux avec les Grecs et les Romains vont se prolonger durant la seconde période de l’âge du fer dite culture de La Tène (-450 à -50 av. J.-C.), ce qui explique la présence sur le site de très nombreux fragments d’amphores provenant d’Etrurie (Ier siècle av. J.-C). Le site est également riche d’un ensemble de tombes de la culture « laténienne » caractéristiques de cette période. Divers mobiliers peuvent y être associés comme en témoignent une écuelle curviligne, un pot caréné et un petit bol. Dénommés Gaulois ou Celtes, par les Grecs et les Romains, les habitants du territoire correspondant à la France actuelle étaient en réalité pluriels. En effet, par suite d’invasions ou de mouvements de populations, les Belges, qui bien que Celtes, présentaient de fortes similitudes avec les Germains, s’établirent sur les territoires de la rive gauche du Rhin dès le IIIe siècle avant notre ère. Le site de Montépilloy a livré des monnaies gauloises en bronze attribuées à divers peuples - Suessions, Meldes, Bellovaques - qui composaient la confédération des Belges. Dans la région autour de Montépilloy, on trouve les Silvanectes (Sulbanectes) : un plus petit peuple gaulois qui vit sur un territoire limité, qui s’étend autour des rivières de la Nonette et de l’Aunette, entouré au nord par les Suessions et les Bellovaques, et au sud par les Parisii et les Meldes. Les Silvanectes semblent avoir été un peuple tributaire de leurs voisins Suessions. Leur territoire sert en tout cas de point de passage pour les échanges commerciaux et humains entre le nord et le sud du Bassin parisien, comme en témoignent les différentes monnaies gauloises retrouvées lors de fouilles archéologiques sur le site de Montépilloy. Sur ce territoire entre les villes actuelles de Senlis (Augustomagus à l’époque gallo-romaine), Chantilly et Crépy-en-Valois, on a retrouvé à ce jour quarante-trois sites datés de la période de La Tène, sans que l’on puisse cependant localiser l'oppidum chef-lieu des Silvanectes. Selon certaines hypothèses, il aurait pu être situé au sommet de la butte de Montépilloy, un point stratégique et un carrefour commercial important.

Ci-contre, monnaie gauloise trouvée sur le site. Env 50 av J-C.

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Ci-dessus, monnaie gauloise trouvée sur le site. Env 50av J-C.

Des Gallo-romains aux derniers Carolingiens : un lieu oublié avec l'effondrement de l’Empire romain

Poursuivant l’extension de leur empire fondé au VIIIe siècle avant notre ère en Italie, les armées romaines envahissent l’extrême sud de la Gaule à partir de -120. Puis en -52, César conquiert le reste du territoire gaulois qui représente un espace riche et développé. Si la civilisation gauloise s’adapte alors majoritairement aux codes de l’occupant romain, elle maintient toutefois certaines de ces traditions, le tout donnant lieu à une société originale, dite « gallo-romaine ». Outre les fragments d’amphores ci-dessus, les découvertes archéologiques ont livré une grande tuile ou Tegula, attestant la présence d’une villa, implantée sur la butte probablement pour surveiller et contrôler la voie romaine reliant Augustomagus (Senlis) à Noviodunum Suessionum (Soissons), ainsi qu’une fibule du Ier siècle ap. J.-C. Dès le Ier siècle ap. J.-C. mais surtout à partir du IVe siècle ap. J.-C., les populations de l’Empire romain d’Occident vont subir des incursions de peuples étrangers à l’Empire, qu’ils appellent des « barbares ». Par vagues successives, les Germains franchissent le Danube, puis le Rhin, créant un climat d’insécurité extrêmement tendu. Dès les prémices de l’effondrement de l’Empire, le site de Montépilloy va être abandonné et le sommet de la butte se recouvrir progressivement d’un ensemble de bois et de bruyères. Les Grandes Invasions, ou Migrations Barbares, des peuples germaniques vont s’accentuer jusqu’à provoquer la fin de l’Empire romain d’Occident et la création des grands royaumes du haut Moyen- ge (du Ve au IXe siècle) dont celui des Francs. D’abord avec la dynastie des Mérovingiens (Clovis), puis celle des Carolingiens (Charlemagne). Cette période est marquée par l’émergence d’un nouveau type de gouvernance fondé sur l’influence croissante de l’Eglise chrétienne sur la société d’une part, et sur le pouvoir de l’ordre seigneurial d’autre part. Les puissants, issus de l’aristocratie germanique, accueillent des hommes libres, par la cérémonie de la recommandation, qui deviennent ainsi des guerriers domestiques – vassus – attachés à la personne du seigneur. En échange de ce serment de fidélité, le seigneur doit entretenir cette clientèle par des dons, plus particulièrement des terres, et ceux qui la travaille.

Sous le règne des premiers Capétiens directs, un château-fort primitif : la motte castrale ou motte féodale

Toutefois les incursions des Vikings, des Sarrasins, et des Hongrois vont provoquer la fin du règne des Carolingiens au profit des Robertiens puis des premiers Capétiens. En parallèle, l’influence économique et politique des abbayes va se renforcer et le climat d’insécurité donner naissance à la féodalité au XIe siècle et organisée autour des trois ordres suivants : ceux qui prient : oratores (le clergé - les hommes d'Église) ; ceux qui combattent : bellatores (les nobles - prince, seigneurs, chevaliers) ; ceux qui travaillent : laboratores (les paysans, les tenanciers/vilains et les serfs). L’enracinement et le déploiement de l’ordre seigneurial se traduit par une première phase de création intense de châteaux, dans les années 1060-1100. Le résultat en est une densification sans précédent du maillage castral des campagnes occidentales, qui tient à la diffusion du modèle du château à l’ensemble de l’aristocratie. Le prestige du château est tel qu’il conduit les maîtres des seigneuries locales qui en ont les moyens à transformer leur domus en maison-forte – une villa fortifiée – même modeste. Les nouvelles forteresses de la fin du XIe et du XIIe siècle s’élèvent le plus souvent à l’écart des lieux de pouvoir et des villages, en périphérie des espaces peuplés et exploités par les hommes. Certains, associés aux zones incultes, aux friches et aux forêts, sont édifiés sur des fronts de colonisation, implantés en lisière forestière et associés au contrôle des bois et des droits de chasse, voire à de petites carrières d’extraction. D’autres se greffent sur des sites permettant de contrôler et de taxer les flux commerciaux. Vers 1075, le bois de Montépilloy – silvam in Monte Expelieries – appartenait au chapitre des Religieux de Saint-Frambourg lorsqu’il fut concédé à un certain Gui, chevalier du castrum de Senlis, l’autorisant ainsi à fonder une colonie de peuplement – villa – dans une enceinte retranchée flanquée d’une motte castrale, accompagnée d’une cour basse assez spacieuse.

Motte-Castrale_site-montepilloy (1).jpeg
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Ci-dessus, monnaie gauloise trouvée sur le site. Env 50av J-C.

Des Gallo-romains aux derniers Carolingiens : un lieu oublié avec l'effondrement de l’Empire romain

Poursuivant l’extension de leur empire fondé au VIIIe siècle avant notre ère en Italie, les armées romaines envahissent l’extrême sud de la Gaule à partir de -120. Puis en -52, César conquiert le reste du territoire gaulois qui représente un espace riche et développé. Si la civilisation gauloise s’adapte alors majoritairement aux codes de l’occupant romain, elle maintient toutefois certaines de ces traditions, le tout donnant lieu à une société originale, dite « gallo-romaine ». Outre les fragments d’amphores ci-dessus, les découvertes archéologiques ont livré une grande tuile ou Tegula, attestant la présence d’une villa, implantée sur la butte probablement pour surveiller et contrôler la voie romaine reliant Augustomagus (Senlis) à Noviodunum Suessionum (Soissons), ainsi qu’une fibule du Ier siècle ap. J.-C. Dès le Ier siècle ap. J.-C. mais surtout à partir du IVe siècle ap. J.-C., les populations de l’Empire romain d’Occident vont subir des incursions de peuples étrangers à l’Empire, qu’ils appellent des « barbares ». Par vagues successives, les Germains franchissent le Danube, puis le Rhin, créant un climat d’insécurité extrêmement tendu. Dès les prémices de l’effondrement de l’Empire, le site de Montépilloy va être abandonné et le sommet de la butte se recouvrir progressivement d’un ensemble de bois et de bruyères. Les Grandes Invasions, ou Migrations Barbares, des peuples germaniques vont s’accentuer jusqu’à provoquer la fin de l’Empire romain d’Occident et la création des grands royaumes du haut Moyen- ge (du Ve au IXe siècle) dont celui des Francs. D’abord avec la dynastie des Mérovingiens (Clovis), puis celle des Carolingiens (Charlemagne). Cette période est marquée par l’émergence d’un nouveau type de gouvernance fondé sur l’influence croissante de l’Eglise chrétienne sur la société d’une part, et sur le pouvoir de l’ordre seigneurial d’autre part. Les puissants, issus de l’aristocratie germanique, accueillent des hommes libres, par la cérémonie de la recommandation, qui deviennent ainsi des guerriers domestiques – vassus – attachés à la personne du seigneur. En échange de ce serment de fidélité, le seigneur doit entretenir cette clientèle par des dons, plus particulièrement des terres, et ceux qui la travaille.

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