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L’âge d’or capétien 

Un château symbole de l'affirmation de l'ordre féodal et de la "Fleur de France"

L’exceptionnelle tour maîtresse résidentielle gothique de Gui (IV) Le Bouteiller de Senlis

Bouteiller du roi Louis VI le Gros – seigneur de Chantilly, d’Ermenonville, de Brasseuse, de Bray et de Montmélian – cité dans un acte de 1166, il fut le premier seigneur de Montépilloy. Bien que seulement qualifié de chevalier, il s’unit en 1154 avec Marguerite de Clermont, dame de Luzarches. Cette union hypergamique pour Gui (IV) le propulsait parmi les dynastes de rang comtal et accrut considérablement son assise territoriale. 

 

D’ailleurs, l’adoption des gerbes d’or dans l’emblème héraldique du lignage souligne la valeur des biens matériels et immatériels que son épouse dû apporter au lignage. Vers 1188, Gui (IV), bouteiller du roi Philippe II Auguste, fit ériger une grosse tour maîtresse résidentielle, de plan circulaire, isolée dans un ample périmètre fossoyé, sur le rebord nord du sommet de la butte de Montépilloy. Préfigurant le « standard » des tours maîtresses royales philippiennes, la construction de cet ouvrage monumental dut être un investissement financier considérable.

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Commencé fastueusement, un chantier achevé à « l’économie »

Avec une enceinte décagonale surplombant le fossé sec circulaire au-dessus de la crête de l’escarpe, les courtines comportaient un couronnement crénelé qui protégeait le chemin de ronde d’arase, qu’il convient d’attribuer, avant 1221, à Gui (V), chevalier, bouteiller du roi. Les dissemblances de mise en œuvre de la maçonnerie des courtines avec celles de la grosse tour traduisent l’épuisement des moyens financiers du lignage, tant en raison de la construction du château de la Motte à Luzarches et peut-être aussi celui d’Ermenonville, que du partage des héritages avec l’attribution de la seigneurie de Brasseuse aux cadets, ou les dons consentis à l’Eglise, notamment à l’abbaye d’Hérivaux pour fonder un prieuré de chanoines réguliers en la ville de Montespillouer, et surtout les dépenses engagées pour les expéditions en Terre Sainte. En effet, alors qu’il avait déjà accompagné Philippe Auguste à la 3ème croisade (1190), dite des rois, Gui (V) participa aussi à la 5ème croisade (1219), mais fut fait prisonnier par les Infidèles à Damiette et son retour dû être conditionné au paiement d’une rançon. Gui (V) fut marié avant 1187 avec Élisabeth de Trie dite « La Bouteillère », en raison de ses exceptionnelles qualités de gestionnaire du domaine.

Attribuable à Gui (VI) dit Le Bouteiller de Senlis, entre 1222 et 1232. Le logis percé de baies médiévales, privilégiant ainsi la fonction résidentielle sur l’efficacité militaire, révélant également un climat de paix relative au temps de l’âge d’or capétien. D’ailleurs Gui (VI) fut marié avant 1217 avec Elisabeth de Garlande, dame de Clichy, qui bien que devenue veuve continua à être dite « Isabeau la Bouteillère » même après son remariage avec Jean de Beaumont, Grand Chambrier de France. Leur fils, Thibaut de Beaumont et son épouse Jeanne Le Bouteiller de Senlis – elle-même issue du premier mariage de Raoul (III) seigneur de Luzarches et Jeanne de Rougemont – feront bâtir un manoir de plaisance à Thiers-sur-Thève vers 1250-1260, dans le goût nouveau des résidences champêtres.

Un logis avec poterne adossé au pan sud-est

Construit selon le modèle des porteries à deux tours philippiennes, avec chambres de tir à archères rayonnantes, le passage d’entrée étant barré par une herse avec un assommoir et deux vantaux en bois. Sa mise en œuvre fut de moindre qualité car les difficultés financières du lignage durent s’amplifier à cause de l’émiettement des possessions lors des partages. + Ainsi, les frères de Gui (VI), auteurs des deux branches cadettes les plus importantes, avaient pu obtenir en partage à la génération précédente, pour Guillaume, le cadet, les seigneuries de Chantilly, Courteuil et Montmélian, et pour Raoul (III), le puiné, la seigneurie de Luzarches-La-Motte. Gui (VII) étant mort à la 7ème croisade, menée par Saint Louis, lors du siège de Damiette le 8 août 1249, sans postérité, les héritiers du lignage contestèrent les dispositions de son testament (1248) en raison du leg consenti au profit des Religieux de Saint-Victor, pour la fondation d’une abbaye à Bray, soit le quint des héritages qui devait être prélevé sur Bray, Rully et Chamicy. Si cela ne suffisait pas, il avait été prévu de prélever le reste sur la seigneurie de Montépilloy sans toutefois empiéter sur la forteresse et les bois autour qui devaient rester indépendants.

Un châtelet d’entrée, monumental, attribuable à Gui (VII), élevé peu après 1232

Du patrilignage au topolignage, la transmission de la seigneurie de Montespilloir, de procès en chartes

La succession de Gui (VII) fut d’abord recueilli par son oncle Raoul (III), seigneur de Lusarches et de Loury, qui devint alors aussi seigneur d’Ermenonville et de Montépilloy, mais ce dernier meurt en 1250. Lors du partage des héritages, les procès furent menés par sa veuve, dame Marguerite de Milly, tutrice de leurs enfants mineurs, avant de parvenir à des accords, d’abord avec Thibaut de Beaumont et son épouse Jeanne Le Bouteiller de Senlis (1350), puis avec les Religieux de Saint-Victor (1356). + Les château et seigneurie de Montépilloy furent encore l’objet d’autres chartes, figurant au cartulaire de l’abbaye de Chaalis, passés avec Marguerite dite « La Bouteillère de Senlis » et les fils de Raoul (III) : l’ainé Guillaume et son épouse Jehanne, le cadet, Raoul (IV) époux de Marguerite de L'Isle-Adam, et les puinés, Anseau et Geoffroi ; mais aussi avec Thibaut de Beaumont et son épouse Jeanne Le Bouteiller de Senlis, et plus tard avec leur fille Jeanne de Beaumont et son époux Jean de Tilly. Sans doute compilé fin 1260 ou en 1267, l’armorial Wijnbergen, l’un des plus beaux recueils, donne une image structurée et idéalisée de la société seigneuriale de la seconde moitié du XIIIe siècle. Parmi les 1.312 écus peints, figurent en bonne place : Le Bouteiller de Senlis (n° 98), Ansiau le Bouteillier (n° 99), ainsi que leurs cousins Jehan de Chanteli (n° 100), Jehan de Brai sueure (n° 101) ; comme aussi : Jehan de Biaumont (n° 13), Jehan le Jone de Biaumont (n° 14), Gauchier de Biaumont (n° 15).

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